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Fiche technique
L'équipe
ILS ONT DU NOUS OUBLIER


Une pièce de Pierre BENEZIT
avec François BRIAULT et Pierre BENEZIT
création lumière de Pascal BIHOREAU
création sonore de Vincent HULOT




-De quoi ça parle ?

Deux hommes sont enfermés dans la cage d'un zoo, entre les
singes et les oiseaux.

-C'est tout ?

Je peux finir ? On s'aperçoit, en les regardant se prendre dans
leurs fils à couper le sens commun, à quel point ces personnages
résistent à l'angoisse créée par cette situation. Leurs disputes,
leurs dérives ne sont finalement que des tentatives désespérées
pour se tirer d'embarras, faute de pouvoir se tirer d'affaire.
Il s'agit là d'une tranche de vie de deux hommes qui ressemblent
à tout le monde et qui pourtant nous entraînent pas à pas dans
un univers résolument loufoque. Au rythme de leurs digressions
délirantes, on entrevoit leur conception "oblique" des réalités.

-Tu es vraiment un grand philosophe.

Toi aussi.
C'est avant tout une pièce drôle, même si ces personnages sont
désespérés. Beckett a écrit: "Rien n'est plus drôle que le malheur,
c'est la chose la plus comique du monde". C'est l'idée selon laquelle
"humour noir" est un pléonasme.

-Merci pour le cliché.

De rien.


-Quelle idée d'écrire ça ?

Sur la forme, mon ambition est de choisir la chose à dire, et ensuite
de la dire avec légèreté, dans la mesure du possible.

-Tu fais ton modeste.

Voilà. Sur le fond, je voulais mettre en présence deux personnages
qui avaient des conceptions opposées de l'existence. L'un pense
que la mort inéluctable remet les compteurs à zéro. Il voit donc
l'action comme quelquechose de grotesque, et refuse de "se fatiguer
pour rien". C'est une réaction d'orgueil. L'idée selon laquelle il
est né pour mourir lui donne à penser que la vie n'a pas de sens.
L'autre personnage ne cesse de lutter contre cette force d'inertie.
A côté de ça, ces deux-là sont enfermés dans la cage d'un zoo.
Cette situation apparement absurde m'a permis d'aborder des
thèmes comme l'arrogance des hommes vis-à-vis de la nature,
et au delà de l'enfermement, l'enfermement à deux.

-Et tu dis que c'est drôle.

Les spectateurs rient beaucoup pendant le spectacle, va donc voir
les extraits vidéo. Les gens sortent avec le sentiment d'avoir vu
une comédie. Dernièrement, l'un d'eux qui revenait me disait qu'il
avait vu deux pièces différentes. A la première, il a ri, c'est
pour ça qu'il est revenu. La deuxième lui a laissé un goût plutôt
acide qui ne lui a pas moins plu.

-Et la mise en scène, la direction d'acteurs, tu y as pensé ?

J'y viens. Le jeu des comédiens est orienté vers le plus grand
naturel. Le réalisme de la conviction des personnages contraste
alors avec le non-sens de leurs raisonnements. Cela contribue
à créer l'absurde qui naît forcément d'un décalage.
P.B.